L'ORIGINE DES PIÈCES D'OR DES SEZNEC
Le 26 juin 1923, Guillaume Seznec est entendu par le commissaire Jean-Baptiste Cunat à Morlaix. Il dit s'être rendu le 22 mai chez Pierre Quéméner à Landerneau, puis ajoute :
Je devais continuer sur Brest pour y échanger 4.040 dollars en or, que je possédais depuis la guerre et que j'avais emportés avec moi. Cette somme était composée de 99 pièces de 20 dollars et de 206 pièces de 10 dollars.
Dans un article paru dans Le Matin du 29 juin 1923, on peut lire des explications sur la provenance de ces pièces d'or, données par Marie-Jeanne Seznec le 28 juin, le jour de la perquisition de sa maison par les inspecteurs du commissaire Léon Labouérie :
Nous avions reçu cet or pendant la guerre, soit au cours d'affaires traitées par mon mari, soit de nombreux officiers, marins et soldats américains qui me confiaient le blanchissage et le repassage de leur linge.
Parti en train de Morlaix ce 28 juin au matin, Guillaume Seznec est entendu le soir même à Paris par le commissaire Achille Vidal. Le même article du Matin relate cette audition ; en voici un extrait :
— Cependant, repartit M. Vidal, votre situation est présentée à Morlaix comme des plus obérées, et l'on s'explique difficilement qu'après avoir eu recours à des emprunts et avoir été l'objet de menaces de saisies, vous ayez pu disposer d'une pareille somme. D'où teniez-vous ces 4.040 dollars en or ?
— J'avais fait diverses opérations avec des Américains des camps du Finistère, répondit M. Sezenec, et je cachais soigneusement cette somme, dont j'étais bien décidé à ne me d[es]saisir que pour une circonstance importante.
Comme on le voit, selon les premières déclarations de Guillaume Seznec, les dollars étaient à lui et il les avaient gagnés par son activité. Quant à Marie-Jeanne, elle en attribuait une part à son mari et s'en attribuait une autre à elle-même.
Il est étonnant que, par la suite, l'idée que tous ces dollars appartenaient à Marie-Jeanne et provenaient uniquement de son travail de blanchisseuse se soit imposée comme une vérité établie, comme on peut le constater par exemple dans le livre de Bernez Rouz, L'affaire Quéméneur-Seznec : Enquête sur un mystère, où on peut lire :
Interrogée sur cette tractation dès sa première audition, Mme Seznec fait aussi une déclaration lourde de sens : visiblement Guillaume ne lui a rien dit de son rendez-vous d'affaires avec Quéméneur, il ne l'a pas consultée sur l'utilisation des dollars alors que ceux-ci lui appartenaient en propre.
Les Seznec prétendaient posséder une somme importante en dollars or et donnaient des explications sur sa provenance. Leur objectif était de justifier par un dessous-de-table conséquent le prix de 35.000 francs indiqué sur la convention de vente de Traou-Nez, très en dessous de la valeur de cette propriété. Mais ils peuvent avoir menti sur le nombre de pièces, ou sur leur origine, ou sur les deux.
Durant quelle période la blanchisserie des Seznec a-t-elle pu compter l'armée américaine parmi ses clients ?
Les troupes américaines sont engagées pour la première fois sur le front le 2 novembre 1917, sept mois après l'entrée en guerre des États-Unis contre l'Allemagne. Le 5 novembre, le camp de base américain no 5 est créé à Brest dans le quartier de Pontanézen. Trois mois plus tard, au moment où, selon Bernez Rouz, le marché important du linge des hôpitaux américains commence à Brest, Seznec achète le 2 février 1918 une scierie dans le quartier de Traon-ar-Vélin à Morlaix. Il est démobilisé le 9 février. Pendant les mois qui suivent, il est occupé à remettre en route et à équiper l'usine de Morlaix, tandis que sa femme reste à la tête de leur blanchisserie de Saint-Pierre-Quilbignon, dans la périphérie de Brest. Marie-Jeanne rejoint son mari à Morlaix le 11 mai 1919. Le départ de l'armée américaine du camp de Pontanézen commence début août et s'achève en décembre 1919. Entre-temps, le fond-de-commerce de la blanchisserie est cédé au frère de Marie-Jeanne, Charles Marc, en septembre 1919.
Les Seznec ont donc pu laver le linge des Américains de novembre 1917 ou février 1918 à mai ou septembre 1919, soit une période de 15 à 22 mois.
Sur l'excellent blog L'Affaire Seznec revisitée, on peut voir, dans l'article intitulé La cassette des dollars-or, que le chiffre d'affaires de la blanchisserie pour l'année 1918 avait été estimé à 60.000 francs par l'administration des impôts. « Marie-Jeanne aurait donc doublé son chiffre d’affaires », s'étonne l'auteur de l'article. C'est oublier que la valeur moyenne en 1918 de 4.080 dollars (j'inclus les 40 dollars de la communion de Jeanne) n'était que d'environ 23.000 francs, c'est-à-dire le prix d'une belle voiture.
En réalité, la valeur nominale de ces pièces n'entrait pas en ligne de compte au moment de l'achat. 4.080 dollars or, quelle que soit la proportion d'eagles et de double eagles, pesaient 6.820 grammes et valaient en moyenne 25.000 francs en 1918, ou un peu moins car ces pièces étaient en fait constituées de 90 % d'or et 10 % de cuivre.
Puisque le marché américain avait duré plus d'un an pour la blanchisserie et qu'une partie seulement des économies des Seznec en pièces d'or était issue de ce marché, la somme totale de 25.000 francs n'est nullement extravagante. L'autre partie provenait des affaires faites par Guillaume Seznec dans les camps américains du Finistère. Il pouvait s'agir d'un trafic plus ou moins légal de véhicules automobiles.
Il serait étonnant, par contre, que ces économies n'aient pas été entamées à partir de 1922, quand la situation financière des Seznec a commencé à devenir inextricable.
La somme épargnée ne posant pas de véritable difficulté (Guillaume Seznec disait même avoir économisé 150 à 160.000 francs en 1917, puis les avoir réinvestis dans son usine de Morlaix), c'est plutôt la forme qu'elle revêtait qui interroge le plus souvent. On imagine mal les « nombreux officiers, marins et soldats américains » évoqués par Marie-Jeanne payant le repassage de leurs chemises en pièces d'or de 10 et 20 dollars.
En fait, Marie-Jeanne a fourni une explication à ce sujet à au moins deux reprises. Lors de son audition par le commissaire Cunat le 29 juin 1923, elle a déclaré :
J'ai eu des rapports d'affaires avec un infirmier qui m'a conseillé de profiter de la présence de l'armée américaine pour me procurer et mettre de côté des dollars en or, qui auraient une valeur 3 ou 4 fois supérieure dans deux, trois ou quatre ans peut-être. Lui-même m'a procuré successivement onze ou douze pièces de 20 dollars au taux de 115 francs. J'ai été incitée à me constituer des économies en pièces d'or des États-Unis.
Marie-Jeanne Seznec aurait donc acheté ces pièces d'or elle-même, en les payant en francs. Les grandes banques européennes en possédaient. En raison de la présence du camp de Pontanézen, on peut raisonnablement penser que les établissements bancaires de Brest en détenaient également.
Le prix d'achat que Marie-Jeanne indique pour les double eagles obtenus de cet infirmier équivaut à 5,75 francs pour un dollar et à 3,44 francs par gramme, ce qui correspond bien à l'année 1918.
Elle confirmera cette version dans des termes plus familiers, ajoutant au passage un détail inédit, au moment de sa déposition au procès de son mari, le 30 octobre 1924 à Quimper, déposition pour laquelle, en tant qu'épouse de l'accusé, elle n'a pas eu à prêter serment. Pour qu'on se fasse une idée juste, je vais citer des articles parus le lendemain dans trois journaux différents. Tout d'abord, dans Le Journal :
Et comme le président l'interroge sur les dollars or que Seznec prétend avoir possédés et qui auraient décidé Quemeneur à lui vendre Traonez, elle s'écrie :
— Les dollars ? Ils existaient, dame oui ! C'est moi qui les avai[s] achetés. On m'avait dit que c'était une bonne affaire. Chaque fois que j'en achetais, je les notais sur un carnet.
Le président observe qu'on n'a pas retrouvé ce carnet et l'avocat général surenchérit en reprochant à Mme Seznec de n'avoir jamais donné cette version à l'instruction.
Mme Seznec. — A l'instruction, on m'a dit : « Taisez-vous et répondez seulement aux questions. »
Le président. — Vous ne vous en êtes pas plainte.
Mme Seznec. — Dame non ! Je ne connais pas la loi.
Le président. — Mais vous connaissez beaucoup de choses !
Mme Seznec feint de n'avoir pas compris. Tête haute, avec une incroyable énergie, sans souci de ménager les apparences, elle accuse les
policiers.
Mme Seznec. — Ce ne sont pas des perquisitions qu'ils ont faites, c'est du pillage, du vrai vandalisme.
Puisqu'on ne comprend pas bien dans cet article qu'elle accuse les policiers de lui avoir pris ce carnet, voici le passage correspondant de La Dépêche de Brest :
Tout de suite on parle des dollars, et comme on veut obtenir des explications sur la façon dont ils sont devenus sa propriété, Mme Seznec parle d'un carnet sur lequel elle avait inscrit les achats qui les lui avaient procurés.
Le président. — Jamais encore vous n'avez parlé de ce carnet. Qu'est-il donc devenu ?
Le témoin. — Je n'en sais rien. Depuis que la police est venue chez moi, je ne trouve presque plus rien. Ce n'est pas une perquisition qui a été faite, c'est du vandalisme !
Et L'Ouest-Éclair nous donne même la réaction de Guillaume Seznec à ces propos :
Avec volubilité, elle raconte qu'elle avait un petit carnet sur lequel elle écrivait les opérations concernant les dollars. C'est la première fois qu'elle parle de ce carnet ; Seznec lui-même ne comprend pas. Furtivement, elle se tourne de temps à autre vers Seznec.
LE PRÉSIDENT. — Regardez-moi, vous aurez le temps de regarder votre mari.
Mme Seznec se plaint que depuis que la police est venue chez elle, elle ne peut plus rien trouver.
MME SEZNEC. — Les policiers sont des vandales !
Si ce carnet a jamais existé, il aurait pu devenir une pièce intéressante du dossier, même s'il n'aurait pas suffi pour démontrer que Guillaume Seznec a donné 4.040 dollars à Pierre Quéméner le 22 mai 1923 à Brest, sur la route de Lesneven ou en tout autre lieu. On est cependant en droit de douter de son existence, car lors de sa déposition au procès, Marie-Jeanne Seznec a systématiquement répondu aux questions du président en accusant la police de machination.
42 commentaires:
Cela fait un point quasi complet sur la question des dollars.
Il y a une hypothèse qui me paraît fragile : c'est l'achat de dollars pour thésauriser. En effet, si le franc "décroche" par rapport au dollar, c'est en fait parce que le franc décroche par rapport à l'or, alors que le dollar reste convertible.
Cette thésaurisation aurait été toute aussi efficace en Napoléons, sans compter que le marché du Napoléon est plus liquide et son poids en or plus faible que celui de la pièce de 20 dollars...
Bonjour Marc !
J'ai choisi, dans l'histoire des dollars or, le raisonnement inverse :
"La somme de 4.040 dollars n'a pas été choisie au hasard par les Seznec.
Elle représente 2/3 du prix de vente de Traou Nez : 100.000 F - 35.000 Francs (prix achat officiel) = 65.000 Francs."
Oui, je pense que la somme des dollars or a été fixée unilatéralement par les époux Seznec pour rentrer dans l'argent qu'ils avaient versé en dessous de table à Quémeneur afin d'acquérir Traou Nez.
Bonjour,
Marie-Jeanne avait donc un carnet où elle consignait les opérations concernant ses dollars et Samson en avait un dans lequel il notait les jours où il allumait la chaudière (Petit Parisien 3 septembre 1923) ; manque de chance, ces pièces importantes saisies par la police ne figurent pas au dossier. Complot ou affabulations ?
Bonjour à vous trois.
En fait, JM, Marie-Jeanne dit avoir suivi les conseils d'un infirmier. Elle ne maîtrisait pas nécessairement la question. Elle peut ne pas avoir compris que ces pièces n'avaient que la valeur de leur poids en or, la somme inscrite sur le revers n'ayant pas d'importance. Cependant, l'extrême stabilité du dollar par rapport à l'or faisait qu'en 1918, comme en 1923 et en 1928, la valeur nominale de ces pièces était très proche de la valeur de leur poids en or.
Elle aurait pu acheter des napoléons, en effet. Mais la première guerre mondiale a entraîné une raréfaction de l'or. Il était peut-être impossible de trouver des napoléons à ce moment-là (l'offre étant très inférieure à la demande). Au procès, Seznec a dit au président : "L'or était si rare, depuis dix ans !" On peut penser que cette raréfaction a commencé en France dès 1914, alors qu'elle n'a touché les États-Unis qu'après 1916 (au point qu'ils ont arrêté temporairement de produire ces pièces). L'afflux en France de pièces d'or américaines en 1917 et 1918 (pièces frappées dans les dix dernières années) était probablement une opportunité unique d'acquérir de l'or pour les Seznec.
Marie-Jeanne aurait pu tout autant économiser en billets américains, mais le risque était tout de même plus grand avec des billets.
Liliane, je crois qu'on peut raisonner dans les deux sens, car toutes les hypothèses sont possibles. Les seules "preuves" que nous avons sur ces dollars sont des fausses promesses de vente et différents témoignages sujets à caution.
S'il y a vraiment eu un accord (verbal ou écrit) entre Quéméner et Seznec pour l'acquisition de Traou-Nez, on est d'abord parti de la somme que les Seznec possédaient en dollars (ou plutôt du poids en or de ces pièces, soit environ 6.750 grammes, estimés à 60 ou 65.000 francs) pour déterminer la somme à ajouter au moment de l'entrée en possession. En tout : 100.000 francs, donc moins que ce que Quéméner demandait, mais il devinait bien que les dollars or vaudraient beaucoup plus dans quelques années (et en effet, leur valeur aurait dépassé les 100.000 francs quatre ans plus tard). Dans ce scénario, Quéméner devait conserver l'or sous cette forme dans son coffre ou dans un coffre à la banque.
S'il n'y a jamais eu d'accord concernant Traou-Nez, les Seznec sont partis de la somme qu'ils pensaient pouvoir réunir en septembre (35.000 francs) pour déterminer la somme en dollars or qu'ils devaient prétendre avoir versée en dessous-de-table (soit 100.000 francs en tout, pas assez pour Quéméner, mais ils pensaient que c'était suffisant et l'argument sur l'augmentation avec le temps de la valeur des pièces s'applique également ici). Je dis "les Seznec", puisque Marie-Jeanne ayant affirmé avoir vu le 22 mai une promesse de vente tapée sur une machine que Chenouard n'a vendue au sosie de Seznec que le 13 juin, il me semble flagrant qu'elle est impliquée dans la fabrication des faux (je pense même que c'était une idée à elle et qu'elle a tapé les promesses elle-même, son mari étant l'auteur des mentions manuscrites et signatures).
Thierry, j'avais également fait le rapprochement dans ma tête avec le carnet de Samson, haha ! Je crois que si la police avait véritablement saisi ces carnets, elle en aurait fait bon usage. Enfin, il faut l'espérer. Dans les deux cas, ces carnets pourraient avoir eu une raison d'exister, surtout celui de Marie-Jeanne, car en notant le nombre de pièces de 20 et 10 dollars, elle pouvait vérifier à tout moment qu'il ne lui en manquait pas, et en notant les différents prix d'achat, elle pouvait calculer la somme totale en francs qu'elle avait dépensée pour les acquérir, à comparer avec leur valeur du moment.
Votre seconde hypothèse me plait beaucoup. Marie-Jeanne gère les affaires de son mari, elle ne peut pas ignorer qu’il va de combine en combine.
Le carnet Samson ne présentait pas un très grand intérêt, ses inscriptions ne pouvaient rien prouver dans un sens ou dans l'autre, à moins qu'il n'ait noté "Tel jour, brûlé Quéméner".
En revanche, le carnet de Marie-Jeanne aurait constitué une pièce formidable : toute saisie de document donne lieu à procès-verbal et saisir une pièce aussi importante hors procédure aurait été une faute très grave. Force est de constater que les avocats n'ont absolument pas soulevé ce problème lors de l'instruction ou du procès, ce qui laisse à penser que si carnet il y a eu, ce n'est pas la police qui l'a fait disparaître. Une autre hypothèse est qu'il y ait peu de dollars, et donc qu'un carnet soit inutile.
Oui, et on a pu voir que ni Seznec, ni Angèle n'avaient la moindre idée de ce que représentaient 4.040 dollars en pièces d'or. De mémoire : "Il y en avait bien un kilo, peut-être deux." Pour rappel : 6 kg 750.
Bonjour à tous...
Pour l'histoire des petits carnets de Samson et de la bonne Angèle...
A la mort de mon grand père de Lormaye...
J'ai retrouvé des tas de petits carnets où il notait leurs bons d'alimentation pendant la guerre, la liste des courses, ou encore les conseils pour tailler les poiriers...
Pas étonnant qu'Angèle ou Samson aient eu un petit carnet comme ça...
Dommage qu'ils aient disparus.
Nos aïeuls n'avaient pas Internet mais que c'est donc joli ces écritures à la plume et à l'encre, témoins de leur vie quotidienne passée...
Bonjour, Liliane. Je suis d'accord.
JM, je crois, au contraire, que le carnet Samson aurait été très utile, puisque certains prétendaient que la chaudière n'avait pas été allumée pendant l'absence de Seznec... comme si les ouvriers s'arrêtaient de travailler dès qu'il avait le dos tourné. En fait, la chaudière restait allumée au ralenti la nuit.
"Enfin, sur la question des fumées, M. Lucas déclare que le foyer de la chaudière était toujours bourré de bois, de sciure, de chiffons gras qu'on allumait le soir habituellement pour que le lendemain, à la première heure, la machine fût sous pression. " (L'Ouest-Éclair, 4 septembre 1923)
Ces histoires de gros sous peuvent avoir un rapport avec le mobile mais ne nous expliquent pas comment un homme de 45ans, repoussé par une furie, peut mourir sur le coup en tombant à la renverse sur le bras d'un fauteuil breton. Le coup du lapin nous direz-vous ? Ben oui mais en même temps on nous dit qu'il a une plaie au front !!!!
Bonjour Marc.
Je comprends le sens de votre message. Je voulais simplement dire que le carnet Samson ne pouvait absolument pas apporter la preuve de la prétendue crémation. Il pouvait en revanche apporter les éléments que vous indiquez.
En fait, les policiers n'avaient aucune raison de s'intéresser au carnet Samson : les premiers examens sur les lieux et les recoupements montrent l'inanité de la thèse concernant un corps brûlé à Morlaix, ce n'est que plus tard que les voisins ont pris le mors au dents, alors que plus rien ne pouvait être vérifié.
La question du carnet de Marie-Jeanne est autrement plus intéressante : il n'est pas concevable qu'elle n'ait pas parlé aux avocats d'une soustraction du carnet par les enquêteurs et il n'est pas concevable non plus qu'elle n'ait pas eu de carnet. L'hypothèse la plus réaliste est que carnet il y avait mais qu'il indiquait bien moins de dollars, Marie-Jeanne avait donc tout intérêt à le faire disparaître.
Bonjour, JM. Oui, les Seznec ont certainement eu des dollars or et Marie-Jeanne peut les avoir notés sur un carnet, mais il semble impossible qu'ils aient encore possédé 4.080 dollars en mai 1923, donc, s'il y avait réellement un carnet, il fallait le faire disparaître. Et si les policiers l'avaient saisi, il ne fallait surtout pas rappeler cette pièce du dossier au moment du procès, haha ! Mais je crois qu'elle prétendait là qu'ils l'avaient pris puis détruit, supprimant ainsi une preuve de sa bonne foi, puisque sa déposition était entièrement axée sur la machination policière.
JM, je ne comprends pas, les policiers n'ont quand même pas tamisé les cendres le 28 mai ????
Cher anonyme, vous avancez le coup du lapin pour expliquer la mort, puis vous rappelez la blessure au front. Que faut-il en conclure ? Que vous n'envisagez pas toutes les possibilités. Il peut y avoir eu coup du lapin ET blessure au front. Dans un ordre ou dans un autre. Un coup de chandelier au front puis chute. Ou chute avec différents chocs. Le coup du lapin ne tue pas toujours, d'ailleurs, et un traumatisme crânien peut tuer :
"Après un choc, l'accélération produit une forte hausse de la pression à l'intérieur du crâne, au point d'interrompre le flux sanguin... et donc l'oxygénation du cerveau. S'ensuit un coma plus ou moins important.
Même si les accidents sur la voie publique sont les plus grands pourvoyeurs de décès par trauma crânien (70 %), un coup de poing ou une chute de sa hauteur peuvent suffire à causer des lésions cérébrales. Alors qu'un bleu ou un saignement au genou sont anodins, un hématome ou une hémorragie au cerveau peuvent être fatals.
Car la boîte crânienne a beau constituer une excellente protection, elle n'est pas extensible. Tout volume supplémentaire fait courir un risque de surpression intracrânienne. Habituellement limitée à 10 mm Hg, la pression intracrânienne menacerait la vie quand elle dépasserait les 25 mm Hg.
Cette surpression empêche en effet le sang de circuler dans le cerveau et entraîne le coma. Au-delà de 5 à 15 minutes, une interruption de cette irrigation sanguine entraîne des dommages cellulaires irréversibles, comme c'est le cas pour un AVC. Sur les 150.000 traumatismes crâniens qui surviennent chaque année en France, 3 à 6 % sont mortels. Et là encore, la rapidité d'intervention est déterminante."
(Science & Vie)
Un choc violent au front peut donc causer un saignement à l'extérieur ainsi qu'un traumatisme crânien entraînant un coma, puis la mort dans l'heure qui suit si la personne ne reçoit pas de soins.
Pour ce qui est des cendres, Anonyme, les policiers ne les ont tamisées que fin juin ou début juillet, juste au cas où.
Il faut arrêter cette obsession avec les scories. Si Seznec avait brûlé le corps de Quéméner, il n'aurait pas demandé à ce crétin de Baron de l'aider à s'occuper de la chaudière. Qu'aurait-il fait des résidus de la crémation ? Il les aurait balancés dans la rivière, à l'extrémité de son terrain dans le sens du courant, pour qu'ils soient charriés au-delà. Il n'aurait pas passé des heures à creuser un trou de près de deux mètres de profondeur, probablement assisté de plusieurs hommes, pour enterrer ces résidus chez lui, au risque d'être surpris par la police ou la famille du disparu au moment même où il creusait. De plus, ces travaux n'auraient pu avoir lieu que le jour du décès ou le lundi suivant, mais Petit Guillaume se serait souvenu que c'était à ce moment-là, ou bien le dimanche suivant, mais ça fait une semaine avant d'enterrer les traces de la crémation ou au moins de finir de reboucher le trou.
Tout cela est parfaitement absurde. Les fouilles à Morlaix étaient vouées à l'échec avant de commencer. Elles étaient fondées sur des déductions très discutables à partir d'une histoire douteuse.
Seznec a pris le risque de demander à Baron de vider les cendres car cela lui repugnait de le faire lui-même. Après 3j de combustion on pouvait imaginer une destruction totale. Devant le refus de Baron Seznec a retroussé ses manches et devant l'aspect des restes les à emportés dans un endroit inhabituel selon le même témoignage de Baron. Le trou n'était pas forcément déjà creusé. Cela a pu se faire plus tard. Comme vous le dites vous même PG n'a pas forcément vu les travaux. Il s'est rendu compte qu'il y en a eu.
Cher Marc...
Vous avez une patience d'ange !
Je me permets de rappeler (une fois encore) :
in Ouest-Eclair du 2 septembre 1923 :
"Peu après, Angèle Labigou, la domestique, vint donner aux ouvriers les instructions de Seznec. Ils devaient TOUS se rendre au bois de Pennelé, en Saint-Martin-des-Champs, pour y travailler à la coupe de bois. "
Oui, du bois pour mettre dans la chaudière.
Qui ne fonctionne pas au charbon (Lapalissade).
Et qui ne peut donc pas fabriquer des scories.
Scories signifiant :
"Résidu solide provenant de la fusion de minerais métalliques, de la combustion de la houille, etc.
synonymes : laitier, mâchefer"
C'est pourtant tout simple!
Incinération
Méthode de traitement thermique des déchets qui consiste en une combustion (technologie et température variant selon la nature du déchet) et un traitement des fumées. De cette technique résultent trois catégories de résidus : mâchefers, cendres et résidus d'épuration des fumées.
J'ai fait des recherches sur les locomobiles et sur les chaudières. Elles fonctionnaient au bois ET au charbon.
Cher Anonyme, je n'ai pas tellement besoin de définitions de dictionnaire concernant les résidus de combustion. L'hiver dernier, j'ai passé plusieurs heures par jour à faire fonctionner un poêle à bois et à charbon. Je n'ai brûlé ni animal, ni humain. Par contre, je sais bien que la combustion du bois ne laisse pratiquement que des cendres et que la combustion du charbon laisse du mâchefer, en plus ou moins importante quantité en fonction de la qualité du charbon. Je n'ai donc pas à essayer de me rappeler comment ma grand-mère utilisait sa cuisinière à bois pour me figurer tout ça.
La chaudière de Seznec fonctionnait au bois. Donc point de mâchefer. La locomobile n'est pas concernée (c'est un délire tardif de Le Saout, puisqu'il n'en est jamais question dans les témoignages de septembre 1923). Il devait y avoir à côté de ce prétendu cellier un tas de mâchefer et de cendres provenant des poêles de la maison d'habitation, et quand on a creusé ce trou vers la fin des années 1930, on a balancé ces résidus avant de commencer à reboucher. Pour une raison ou pour une autre. Nous sommes dans le vague absolu. Toute construction à partir de ça est du roman.
Il y a eu une vie après Seznec. Par exemple, l'usine hydroélectrique installée par Yves Lavanant en 1929 au Moulin du Prieuré (Bernez Rouz donne ce nom à la maison d'habitation de Seznec, mais il s'agit en fait du moulin à eau plus bas).
Ce n'est pas parce qu'on trouve un truc bizarre sur ce terrain que ça a un quelconque rapport avec l'affaire Quéméner ou même avec Seznec.
Je rappelle le titre de mon billet : "L'origine des pièces d'or des Seznec". Pourquoi faut-il qu'on en revienne toujours aux fouilles de Morlaix ? Je préfère m'intéresser aux faits et témoignages d'époque. Il y a déjà fort à faire avec ça.
Yves Le Saout a raconté n'importe quoi. "Jean-Marie Cissou (ou Cessou)" ne peut être personne d'autre que Paul Baron. Et ce n'est pas parce qu'il était trop vieux qu'il a refusé d'aller au bois, mais parce qu'il considérait que ce n'était pas son métier.
Le Saout écrit : "cet ouvrier racontait ensuite : c'est tout de même curieux, la chaudière (c'est ainsi que l'on appelait la locomobile qui servait au fonctionnement de la scie) il n'y a pas eu de feu dedans depuis 8 jours et ce matin elle était encore chaude !"
Paul Baron est entré dans la chaudière, donc ça ne risquait pas d'être la locomobile. Et il y avait certainement eu du feu dernièrement. Les 8 jours sont une invention.
C'est comme ça, la rumeur populaire, ça déforme tout. Doit-on croire les articles de septembre 1923 ou un ramassis d'âneries de novembre 1997 ?
2 cordes de bois, cela représente plus de 10 m3 de bois qui a très haute température produit aussi du mâchefer, rien ne dit qu'à l'occasion cette machine n'a pas été chauffée à blanc avec du charbon, il est possible que des outils compromettants aient été jetés au feu etc...vous refusez d'envisager cette possibilité alors que la seule chose qui est demandée c'est qu'elle soit examinée scientifiquement pour éventuellement fermer définitivement cette hypothèse.
Cela n'a toujours rien à voir avec les dollars...
Pour information, 2 cordes de bois bretonnes font 6 stères (http://www.franceboisbuche.com/me-chauffer-au-bois-au-quotidien/item/59-quelle-est-la-bonne-unite-de-mesure-pour-acheter-mon-bois-de-chauffage) et donc 300 kilos.
Bonjour Marc !
Je viens de relire vite fait le livre de Michel Keriel :"Seznec L'impossible réhabilitation" d'Avril 1998.
Il y a trois faits qui vont dans le sens de Keriel :
-Il est loin d'être sot, je rappelle ici que Michel Keriel a fait hypokhâgne et khâgne au Prytanée militaire de La Flèche (Sarthe) en vue d'intégrer Saint Cyr (en page 135),
J'ai eu avec lui une longue relation téléphonique (une fois par semaine en 2007) et il est loin, très loin d'être sot et il est surtout bourré d'humour !
- Il a eu accès aux dossiers des Seznec (le père et la fille) et au dossier Le Her (via Bruno Gestermann, le proc de Quimper),
- Il a fait des enquêtes sur place chez les voisins Seznec à Morlaix.
C'est lui qui publie le premier l'histoire Le Saout avec le témoignage de Jean-Marie Cessou, de la page 97 à la page 100.
Avec les doutes à y mettre, car ajoute-t-il :
"Tous ces personnages- intrinsèques grippe-sous - ont, en outre, une sainte horreur (ou une viscérale crainte) du qu'en dira-t-on."
Il y a pourtant un passage très intéressant (fin page 97) :
"Des ouvriers de la scierie, prenant leur déjeuner dans quelques cafés alentour, disent de leur patron qui a la réputation d'être toujours fauché : ce matin, il avait son portefeuille plein de billets (leun ar vilhejoù, en Breton)."
On parle là du lundi 28 mai 1923.
JM, si les cordes bretonnes font la moitié des cordes françaises ça se corse !😃je vous laisse à vos dollars américains ! Ils ont quand même bien une tête de billets français.... À moins qu'on parle des 17000francs que Quemeneur avait dans sa poche d'après sa soeur 😞
Témoignage de Paul Baron en septembre 1923
"Le lundi 28 mai vers 7 heures du matin, je vis dans la cour, près de la chaudière, la Cadillac. Dans l'après-midi du 30, Seznec vint me dire qu'il allait allumer le feu dans la machine à vapeur et il me demanda de vider les cendriers. Comme je ne pouvais pas le faire immédiatement, il s'en occupa lui-même. Je ne sais pas où il a porté les cendres. Lorsque j'eus fini mon travail, j'allais aider seznec. Il me dit d'enlever les grilles, Pour cela, je devais entrer dans le corps de la machine. Lorsque j'y pénétrai, je fus gêné par une chaleur très grande. Je ne comprends pas pourquoi cette machine était si chaude."
Bonjour à tous,
Je vous lis et je vous relis...
Et si...
Personnellement , je suis troublé par la question des dates.
"C'était un dimanche...
début mai....
il faisait beau...
mon père est passé le matin, il est venu l'après-midi..."
Et si ....
Et si Petit Guillaume avait été témoin d'une scène de séduction le premier dimanche de mai...
Quéméneur estourbi, mal en point ,mais vivant...
Evacué avec l'aide d'un ami, marchand de charbon le temps qu'il se remette...
PG retourne à sa pension troublé par cette agression sexuelle... On lui a fait jurer de ne rien dire...
Son père était furieux : " Toutes les affaires qu'on lui a fait faire! tout l'argent qu'on lui a fait gagner! et il a le culot de venir te peloter".
PG ne reverra jamais PQ.
Il devait aller avec son père à Paris mais ça ne s'est pas fait...
PQ, remis de ses "émotions" s'est confondu en plates excuses, disant que c'était pour jouer, qu'il ne pensait pas à mal, qu'il était désolé...
On passe l'éponge...En apparence.
On négocie d'aller à Paris vendre des Cadillac pour prix du pardon...
On part à Paris...le 24 mai. Le dimanche suivant Seznec est de retour. Il n'a pas rempli de fiche de voyageurs à Pré en Pail. En fait il n'y a pas dormi.
Il est rentré à Morlaix comme un dingue.
Pour la suite voir le témoignage de Bruno Gestermann.
Bonjour à tous. Je n'ai pas eu assez de temps libre hier pour répondre. J'ajoute que, depuis une bonne semaine, je ne reçois plus de notifications par e-mail pour les commentaires (un problème temporaire, j'espère), donc je ne les approuve que quand je vérifie directement sur le blog.
Anonyme, vous dites "si les cordes bretonnes font la moitié des cordes françaises ça se corse". Avez-vous suivi le lien de JM avant de dire ça ? Il y est dit : "Cette unité varie énormément en fonction des régions et même des localités car la corde utilisée mesurait entre 6 m et 13,60 m selon que l'on habitait en Bourgogne ou à Marseille. La corde équivaut en moyenne entre 2 à 5 stères. En Bretagne, la corde valait 3 stères." Dois-je en déduire que vous êtes de Marseille (au propre ou au figuré) ?
Quant au témoignage de Paul Baron, c'est toujours la même rengaine. Quand on lit l'article de l'Ouest-Éclair du 2 septembre 1923, il ne faut pas oublier de lire ceux des 3 et 4 septembre qui lui apportent la contradiction, par Raymond Samson, Marie-Jeanne Seznec et Pierre Lucas. J'ai reproduit ces articles sur mon blog depuis quelque temps. Vous pouvez commencer ici : https://affaire-quemener-seznec.blogspot.com/2013/09/1923-09-03.html
D'ailleurs, vous trouverez également dans l'article du 3 septembre l'avis d'un expert sur la combustion d'un corps. Vous avez dit (si vous êtes bien le même Anonyme) : "Après 3j de combustion on pouvait imaginer une destruction totale". L'expert, lui, il dit qu'avec la chaudière de Seznec, "c'est l'affaire d'une soirée."
PM, j'avais moi-même avancé, il y a plusieurs mois en commentaires sur le blog de madame Langellier, l'hypothèse de la survie de Quéméner à cette chute. Petit-Guillaume n'aurait fait le rapprochement avec la mort de Quéméner que plus tard. Dans cette hypothèse, on revient à la case départ, c'est-à-dire qu'il n'y a strictement aucun élément en faveur d'un retour de Quéméner à Morlaix le 27 mai. Il est donc inutile d'y ajouter le roman habituel.
Marthe Le Clec'h, historienne a mentionné les témoignages des Morlaisiens dans son ouvrage sur l'histoire de Morlaix. On ne peut pas ignorer ce document.
Puisque la question des dollars semble épuisée, je vous propose de passer à la question des carnets et en particulier du carnet de dépenses de Quéméner retrouvé dans sa valise. Un très intéressant article du Matin du 27/6/23 (visible sur ce site)indique que la toute dernière annotation est le prix d'un repas pris au Havre le 13 juin (8,95 fr).juste avant une ligne effacée par l'eau, indiquant le prix d'un voyage pour une destination dont on ne peut déchiffrer que la première lettre :M.... sur les lignes suivantes le faussaire a écrit les prix inexacts des voyages Dreux-Paris, Paris le Havre. lignes surajoutées dans l'intervalle qui restait.
Quéméner? (qui d'autre cela pourrait-il être?)a donc noté un voyage pour M...? Morlaix? Que le faussaire a pris soin d'effacer. faible, très faible indice en faveur d'un retour ultime de Quéméner à Morlaix....?
Bonjour, MP. Nous avons plusieurs versions de ces lignes et aucune ne semble fiable à 100 %. On ne peut pas en vouloir aux journalistes de l'époque, qui n'avaient pas accès à toutes les pièces, mais il est vraiment dommage que nous n'ayons pas de photos des pages de ce carnet, celles écrites par Quéméner et celles contenant les fausses écritures. Réfléchir à partir de ce que les différents auteurs ont rapporté n'est pas facile. Seul un accès intégral au dossier en ligne permettrait de faire de réels progrès.
J'ai passé le week-end à Paris et j'ai été assez occupé depuis. Dès que j'aurai assez de temps pour ça, je me pencherai sur ce carnet, qui est en effet extrêmement important. Juste une chose pour l'instant : si je ne m'abuse, Quéméner écrivait au crayon dans son carnet et les pages litigieuses sont écrites au stylo. De plus, les pages du carnet n'ont dû être humidifiées qu'aussitôt après l'écriture des lignes au stylo, de façon à brouiller les ajouts apocryphes. Il s'agissait d'ailleurs des seules traces d'humidité dans cette valise, qui n'a pas été immergée, contrairement à ce qu'ont imaginé certains auteurs.
Cher MP et cher Marc,
Les divers documents relatifs au carnet sont un peu plus précis que ce que nous dit le journal.
On sait que les pages précédent le voyage ont été arrachées, et on sait que des pages du carnet ont été retrouvées dans la valise de Seznec.
La partie relative au voyage se divise en deux colonnes.
L'une, sous la mention "Frais Quéméneur" comporte huit lignes :
Landerneau
Ernée
Dreux
Train Dreux-Paris
Paris frais divers
Train Paris - Le Havre
Voyage mémoire (c'est la ligne dont vous parlez, "mémoire" se comprend au sens commercial "récapitulatif de frais)
Le Havre
La colonne "Frais Seznec" est plus courte et ne comporte que cinq lignes.
Bonjour, JM. La mention "voyage mémoire" se trouve chez Hervé, mais les journaux de 1923 disent bien que le mot commençant par "m" est illisible.
Oui, c'est exact, elle se trouve aussi chez Penaud.
Cela étant, Hervé a étudié le dossier à tête reposée et n'avait aucune raison d'inventer quoi que ce soit à propos de ce mot en "M"...
Bien plus, si le mot en question avait pu laisser supposer la moindre possibilité que Quéméner ait entrepris un voyage après être arrivé à Paris, Hervé, qui défend la thèse d'un retour en Bretagne, l'aurait souligné.
En ce qui concerne les journaux, je présume qu'ils ont disposé d'une "source unique" et que le mot était, en effet, peu lisible. La source a dû dire cela.
Cher Marc,
Cette affaire des dollars est liée à celle de la communion. Vous vous souvenez du débat que nous avons eu (solennelle ou première). Finalement, je me demande si nous ne "faisons pas dans l'anachronisme" en parlant de communion solennelle. Vous vous rappelez qu'on voyait de nombreuses réclames (dire "publicités" serait un anachronisme) utilisant la formule "première communion".
J'ai recherché les occurrences des termes "première communion" et "communion solennelle" dans "La Dépêche de Brest".
La "première communion" revient à 623 reprises, la "communion solennelle" 11 fois seulement, et surtout après 1930. C'est, tout simplement, que les Finistériens distinguaient la communion privée (sans importance pour eux) de la "première communion solennelle", importante pour eux. Force est de constater que la réforme pontificale avait été mal reçue.
L'article de 1910, dont vous trouverez le lien ci-dessous, fait le point sur la question :
http://www.ladepechedebrest.fr/viewer/14626?medianame=db_1910_09_22_000002&q=%22communion%20solennelle%22#page=2&viewer=picture&o=search&n=0&q=%22communion%20solennelle%22
Je suggèrerais donc qu'on utilise les termes "première communion solennelle" pour éviter la contradiction avec les sources, qu'en pensez-vous ?
Cela rend les choses plus claires, en effet. Et si on devait faire un autre film sur cette affaire, les personnages devraient dire "première communion", bien entendu, pour faire authentique.
Je suis désolé d'être un peu en retrait ces temps-ci, étant assez occupé. Mon relatif silence n'est pas un choix. Je continue à lire les articles de madame Langellier, qui est la seule à contribuer à la connaissance de l'affaire en ce moment, mais je n'ai pas assez de temps pour réagir.
Il faut toujours veiller à faire simple...
J'ai été catéchiste et rien n'a changé depuis 1923.
Tout le monde le sait.
La première communion, dite aussi communion privée, est faite en 2ème année de Kté. Les enfants ont 9/10 ans.
C'est la première fois qu'ils reçoivent le Corps du Christ, qu'ils "communient"..
La communion solennelle est faite en 4ème année de Kté (Classe de 6ème), les enfants ont 11/12 ans : c'est le renouvellement de la promesse du baptême, appelée aussi communion solennelle.
Voilà.
Cher JM, merci de nous renvoyer au livre de Guy Penaud. Je l'ai relu ce Week-end. P.152 il communique le rapport d'expertise graphologique des pages suspectes du carnet de Quéméner. "En effet, par des techniques optiques et spectrales, des zones grattées ou gommées ont été mises en évidence (à partir de la ligne 5 de la page 46 et surtout les deux dernières lignes de la page 48) et des mentions réécrites ont été relues.
Alors qu'il apparaît que la majorité des mentions manuscrites sur les pages 46 et 48 de question est de la main de Pierre Quéméneur, plusieurs caractères modifiés présentent des concordances avec le mode de formation des lettres de Guillaume Seznec.
Les dernières lignes de la page 48 sont donc celles qui portent la mention" voyage à M.... Et le prix du déjeuner au Havre.
Bonjour Monsieur,
Comme vous n'êtes pas quelqu'un à vous laisser dicter votre conduite, je brave l'ukase m'interdisant les blogs et je poste ici une remarque qui n'a pas de rapport direct avec la question des dollars mais plus généralement à l'affaire Quéméner -Seznec. Cette affaire n'est pas un roman policier mais implique deux familles dont les descendants sont des concitoyens à respecter. Dans les articles que vous avez publié je trouve deux indices d'un possible retour à Morlaix. Dans l'acte d'accusation du 21 Juin il est question non pas d'un mais d'une employée du bureau de poste No3. Et si il s'agissait de quelqu'un d'autre que Begue ?Begue aurait reçu quelqu'un (Seznec?) le 2 juin et une employée aurait bien reçu quelqu'un d'autre (Quéméneur toujours en vie) le 26 mai. ????
Autres point, sur le carnet de Quemeneur, p.48, voyage à M. Je veux bien que ça signifie voyage mémoire mais c'est quand même voyage à. La presse se trompe, souvent... L'acte d'accusation est-il erroné ? Est-ce possible ?Questions...
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