Samedi 8 décembre 1923

7 décembre 1923 | 23 octobre 1924
PRESSE  : L’Ouest-Éclair

L’AFFAIRE SEZNEC

L’Ouest-Éclair, 8 décembre 1923, page 5.

Mme Seznec demande à être confrontée avec quelques témoins

 MORLAIX, 7 décembre. — (De notre correspondant particulier). — Mme Seznec vient de manifester le désir de prendre une part plus active à l’instruction.
«  Je désirerais, dit-elle, être confrontée non seulement avec Mlle Quémeneur, mais avec M. Pouliquen et M. Quémeneur, de Plourivo. Tous deux ont fait, à l’instruction, des déclarations erronées. M. Pouliquen, notaire à Pont-l’Abbé, est venu avec M. Quémeneur, frère, habitant Plourivo1. Ils arrivèrent avec une auto de louage à 6  h.  30. Seznec n’était pas encore levé. C’est Angèle qui ouvrit. Je suis descendue, j’ai fait le café, que j’ai servi en attendant que mon mari soit descendu. On a parlé, comme de juste, de Quémeneur et de l’affaire des autos. J’ai rappelé que Quémeneur avait dit à M. Seznec qu’il n’avait pas beaucoup d’argent liquide à avancer, mais qu’il avait bien sa Cadillac valant 30.000 fr.
 «  Tu auras, ajouta-t-il, quand même la même part que nous dans les bénéfices d’autos, mais, ajouta-t-il, tu te débrouilleras avec le fisc, puisque tu es patenté et que je ne le suis pas  ». Seznec étant descendu, la conversation continua.
 «  A un moment donné Seznec dit à M. Pouliquen et à M. Quémeneur  : «  Est-ce que vous n’avez pas trouvé dans les papiers de votre frère un papier me concernant  ?  » Ils répondirent négativement. «  C’est singulier, car j’ai emprunté 15.000 fr. à M. Quémeneur et vous auriez dû en trouver trace. — Mais ça ne fait rien, je reconnais devoir 15.000 fr. à M. Quéméneur.  »
 M. Pouliquen
, continue Mme Seznec, a déclaré au juge d’instruction qu’il avait été mis au courant du prêt de 15.000 fr. à Seznec. Il ne le savait pas avant d’être venu chez moi. MM. Pouliquen et Quémeneur sont repartis en auto pour Landerneau. Une fois arrivés ils ont téléphoné à Seznec pour lui demander de partir avec eux à Rennes demander des renseignements. Seznec a accepté immédiatement et a pris le premier train de l’après-midi pour se rendre à la police mobile. Est-ce là l’attitude d’un homme qui se cache  ? Seznec est revenu le lendemain. Les Pouliquen-Quémeneur sont-ils allés à Paris comme ils l’avaient annoncé, je ne le sais.  »
 Mme Seznec nous rapporte ensuite une déclaration que lui fit Quémeneur, le conseiller général disparu, d’après laquelle il aurait prêté une certaine somme dont elle se réserve de déclarer le montant à M. le Juge d’instruction.

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1. Cette visite eut lieu de 10 juin 1923.

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