4 septembre 1923
| 7 décembre 1923
PRESSE : L’Œuvre
L’AFFAIRE SEZNEC
L’Œuvre, 5 décembre 1923, page 1.
D’où vient cet acte de naissance ?
Morlaix, 4 décembre (de notre correspondant particulier). — L’instruction de l’affaire Quemeneur somnole. M. le juge Campion entend bien des témoins, son greffier rédige bien des procès verbaux. Mais il faut avouer que depuis le mois d’août on n’a pas fait un pas.
Pourtant deux points intéressants ont été relevés. Mais il ne semble pas que le juge leur ait accordé l’intérêt qu’ils paraissent mériter.
On se rappelle que, dans la valise de M. Quemeneur, découverte dans une salle d’attente de la gare du Havre, on trouva un carnet, l’acte de vente de sa propriété et un extrait d’acte de naissance. Celui-ci portait la date du 28 janvier et le timbre du greffe du tribunal civil de Morlaix.
On s’est inquiété de vérifier si c’était M. Quemeneur lui-même qui était venu retirer son acte. Il est facile de s’en rendre compte, grâce au registre du greffe. Or nous croyons savoir qu’à la date du 28 janvier pas plus qu’à un autre jour du mois on ne trouve trace de la remise de l’acte de naissance.
On comprendra facilement l’intérêt qu’il y aurait à établir de façon certaine qui vint prendre possession de l’acte ou si on se trouve en présence d’un faux. Il semble qu’une enquête sérieuse faite auprès du personnel du greffe permettrait de l’apprendre rapidement.
Ne peut-on pas supposer, en effet, que c’est Seznec lui-même qui s’appropria avant le crime l’acte de naissance de sa future victime ? Et ne l’avait-il pas sur lui, afin d’aplanir toutes les difficultés, le jour où il se présenta au bureau de poste du boulevard Malesherbes, pour essayer de toucher l’argent que s’était fait envoyer M. Quemeneur ?
D’où venait le mouchoir ?
D’autre part, une déclaration de Mlle Quemeneur vient de révéler un fait d’une grande importance.
Le 4 juin, avant la découverte de l’assassinat, celle-ci, justement inquiète d’être depuis plusieurs jours sans nouvelles de son frère, vint chez Seznec lui demander s’il n’avait rien appris de nouveau sur le sort du conseiller général.
Ce fut Mme Seznec qui la reçut. Elle répondit que son mari, qui avait quitté M. Quemeneur à Houdan, était, lui aussi, sans nouvelles de son ami.
À ce moment Mlle Quemeneur aperçut sur la cheminée un mouchoir qu’elle reconnut pour être un de ceux de son frère. Elle s’en étonna.
— M. Quemeneur l’a oublié ici la dernière fois qu’il est venu, lui répondit Mme Seznec.
M. le juge Campion a-t-il pensé à demander au marchand de bois s’il n’avait pas pris ce mouchoir dans la poche même de sa victime ? (Œuvre.)
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