Lundi 2 avril 2018

LA PORTÉE RÉVISIONNELLE
DE L'HISTOIRE DE PETIT-GUILLAUME

 Le 31 mars dernier, Denis Langlois a publié sur son site Pour en finir avec l'affaire Seznec le billet suivant :

 Une polémique totalement stérile et même dangereuse s'est instaurée sur Internet à propos de l'Affaire Seznec.
 Il serait regrettable que les légères différences existant entre le témoignage de Petit-Guillaume enregistré en 1978 par son neveu Bernard Le Her et les révélations des fils de Petit-Guillaume faites en 2018 à Me Denis Langlois et à Mme Liliane Langellier soient retenues par la justice pour rejeter ce témoignage dont le principal point est la mort accidentelle en mai 1923 de Pierre Quémeneur, repoussé par la femme de Guillaume Seznec, dans la salle à manger familiale à Morlaix.
 De toute façon, pour espérer une révision du procès de 1924, un élément matériel est indispensable. Il ne peut être fourni que si l'on retrouve des ossements de Quémeneur ou des objets ayant trait à sa mort. C'est pourquoi des fouilles coordonnées par Bertrand Vilain ont été entreprises en février-mars 2018 à Morlaix. On en connaîtra le résultat définitif très prochainement.
 En attendant, il serait souhaitable de cesser ces affrontements qui frisent le ridicule et desservent la cause de la vérité et de la justice. Sifflons la fin de la récréation et ses chamailleries d'école maternelle.

 Je lui ai répondu aujourd'hui par ce commentaire (non encore publié) :
 Je lui ai répondu aujourd'hui par ce commentaire (non encore publié) :

 M. Langlois,
 Pour que la portée révisionnelle de l'histoire (que vous appelez « révélations ») racontée par Petit-Guillaume à ses fils et à son neveu soit considérée comme recevable, il faut en effet y apporter un élément matériel, puisque la version retenue par l'accusation a, elle, été corroborée par un nombre incalculable d'éléments à charge. Ce serait donc la moindre des choses. On ne peut pas innocenter par ouï-dire qui a été condamné sur preuves.
 Cependant, si cet élément matériel s'avérait être la présence d'un ADN appartenant à la famille de Pierre Quéméner dans les scories déterrées récemment sur les lieux de l'ancienne habitation Seznec, cet élément ne conforterait-il pas tout autant la thèse de l'accusation que la vôtre ? Il perdrait ainsi toute portée révisionnelle.
 En conséquence, selon moi, toute personne qui croit à l'innocence de Guillaume Seznec dans le meurtre de Pierre Quéméner doit espérer que l'histoire de Petit-Guillaume n'était qu'un bobard de plus dans cette affaire, et qu'on ne trouvera rien dans ce mâchefer, qui n'a probablement été utilisé, selon l'usage, que comme sous-couche lors de la réalisation du comblement.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Monsieur, Nous avons le témoignage d'un témoin direct, non par oui dire, qui a entendu une dispute entre sa mère et monsieur Quemeneur. Il a vu le corps de ce dernier gisant sur le sol. Il précise que c'est en grandissant qu'il en est venu à interpréter ces faits comme une agression sexuelle. Dans les conditions décrites c'est étonnant. Par contre on imagine que suite à une mésentente entre les deux partenaires qui est arrivée à son acmé pendant le voyage je parle des deux hommes, Monsieur Quemeneur a pu revenir à Morlaix pour se faire restituer une promesse de vente qu'il aurait pu souhaiter modifier ou annuler. Il aura peut-être trouvé de la résistance et les choses auront mal tourné. On ne peut pas ignorer un témoin direct.

Marc Du Ryez a dit…

Bonjour, Monsieur Anonyme,

Puisque nous n'avons pas de témoignage écrit ni d'enregistrement audio de Petit-Guillaume, la bande ayant été malencontreusement perdue (l'authentification de cet enregistrement aurait été difficile, de toute façon), nous ne connaissons sa version que par ouï-dire. Par ouï-dire multiple à présent, je vous le concède. Cependant, si cette histoire est authentique, elle contient une grande part d'interprétation de sa part dans un premier temps, puis de ceux qui l'ont rapportée.

Le temps avait fait son ouvrage, également. Je ne compte pas vous raconter en détails un fait même très marquant qui m'est arrivé à l'âge de onze ou douze ans, parce que j'en serais incapable. Je vous donnerais juste les grandes lignes et il y aurait certainement beaucoup d'erreurs, sans compter que je me tromperais peut-être sur l'année.

Une hypothèse comme celle que vous formulez est séduisante mais elle s'appuie sur un récit qu'il faudrait croire sur parole, sans même avoir reçu cette parole de façon directe (déposition, lettre, récit, enregistrement). Nous n'avons que la transcription non certifiée d'un enregistrement qui n'existe plus.

Il vous faut donc des éléments de preuve supplémentaires. Un os de Pierre Quéméner enterré sur l'ancienne propriété de Seznec ne fera pas l'affaire. Si jamais on en trouvait un, je vous conseille d'accuser Pierre Bonny de l'y avoir enterré.

Skeptikos a dit…

Bien venue, Marc , dans le monde irréel des faiseurs de blog sur l'affaire.
Vous vous en rendrez compte bientôt, la neutralité ne fait pas bonne figure ici et les couteaux sont immédiatement tirés.

Je sais que vous ferez avancez les choses et c'est uniquement ce qui compte. Parce que votre méthode me semble juste, en ce qu'elle cherche à examiner les faits tels qu'ils nous ont été présentés , au début, rien qu'au début.

Avec tout mon encouragement

Skeptikos

Unknown a dit…

Bienvenue cher Marc, dans Dallas (Texas) ce monde impitoyable de l'affaire Seznec...
Mais à plus, on peut plus...

Marc Du Ryez a dit…

Merci, Skeptikos. Oui, je crois qu'il faut en revenir aux faits tels qu'ils étaient connus en 1923 pour essayer de comprendre cette affaire. Tout ce qui est venu se greffer ensuite me semble avoir pollué l'affaire.

J'apprécie l'humour de vos chroniques, et je n'ai pas besoin d'être d'accord avec une théorie pour apprécier ce que je lis.

Marc Du Ryez a dit…

Merci, Liliane. Oui, c'est un peu O.K. Corral parfois. La violence commence quand on est à court d'arguments.

Alain D. a dit…

Cher Marc,

Je ne pense pas, contrairement à vous, que "Guillaume Seznec a tué Pierre Quéméner le 25 mai 1923 entre 22 et 23 heures, quelques kilomètres après Houdan sur la route de Paris", ni que le(s) récit(s) de Petit-Guillaume soient des "bobards".
Mais - j'y ai déjà fait allusion sur le blog de Liliane Langellier - j'apprécie hautement votre sérieux, loin des "chamailleries d'école maternelle"* que semble déplorer Denis Langlois, et votre soutien à Mme Langellier.
Je vous renvoie à mon tour ce que vous avez répondu hier à Skeptikos ; "je n'ai pas besoin d'être d'accord avec une théorie pour apprécier ce que je lis."

A bientôt

Alain

* Et, comme l'on disait à l'école maternelle, "c'est celui qui l'dit qui y est"...


Marc Du Ryez a dit…

Merci, Alain.

La thèse de la culpabilité me semble la plus logique compte tenu de l'ensemble des éléments connus au moment du procès, et les requêtes en révision n'ont pas permis d'avancer d'élément nouveau recevable. Cela dit, comme je le disais dans ce même billet, pour moi, tous les éléments sont sujets à débat. Je n'ai aucune certitude.

Unknown a dit…

Moi aussi "je n'ai aucune certitude"...
C'est le moteur du progrès.
Mais ils m'émeuvent les fils de Petit Guillaume !
Ils ont une forme de pureté pour ne jamais avoir grenouillé dans le marigot de l'affaire...
A suivre...

Marc Du Ryez a dit…

Je vous comprends parfaitement. Je crois que leur voix mérite d'être entendue. N'oubliez pas que Bernez Rouz a fait état dans son livre de toutes les thèses connues à l'époque. Un nouveau livre, écrit par vous, pourrait consacrer un chapitre ou davantage à leur témoignage, sans pour autant prendre parti.