19 octobre 1925
PRESSE : L’Ouest-Éclair
À PROPOS DE L’AFFAIRE SEZNEC
L’Ouest-Éclair, 1er juin 1932, page 5.
Un communiqué du Procureur général de Rennes
M. Sauty, procureur général de Rennes, nous a communiqué la note suivante :
Dans un livre récent1, où l’affaire Seznec est présentée sous forme de roman, de violentes attaques sont dirigées contre plusieurs magistrats qui ont eu à s’occuper de cette affaire sensationnelle, en particulier contre M. Guillot, procureur de la République à Rennes, qui, en qualité d’avocat général, a requis contre Seznec à la session des Assises du Finistère d’octobre 1924.
Le Procureur général de Rennes considère comme un devoir de faire connaitre au public qu’ont pu émouvoir ces attaques, que celles-ci sont absolument injustifiées. M. Guillot est accusé de n’avoir pas communiqué au jury le procès-verbal de gendarmerie constatant que des coups de feu avaient été entendus une nuit de la fin de mai 1923 par des mariniers qui tiraient du sable à proximité de la propriété de Traounez en Plourivo, appartenant au sieur Quemeneur. Ce document, d’après l’auteur du livre susvisé, a été « gardé » par l’avocat général, qui n’en fit point part au jury parce qu’il « apportait sinon des preuves de l’innocence de Seznec, du moins de terribles éléments de doute », qui auraient provoqué une demande de supplément d’enquête.
Ces affirmations sont absolument contraires à la vérité : le procès-verbal dont [il] s’agit, dressé par les gendarmes de Pontrieux les 29 et 30 octobre 1924, a été adressé immédiatement au Parquet de Guingamp, mais celui-ci ne l’a transmis ni à Rennes, ni à Quimper ; il l’a dès le 31 octobre 1924 classé sans suite, parce qu’il ne pouvait avoir aucun rapport avec la disparition du sieur Quemeneur, les coups de feu entendus ayant, aux dires des témoins, été tirés le 25 mai 1923 entre minuit et deux heures du matin, c’est-à-dire vingt heures AVANT la disparition du sieur Quemeneur, qui fut vu pour la dernière fois en compagnie de Seznec à Houdan (Seine-et-Oise), le 25 mai 1923 entre 21 heures et 22 heures. L’enquête complémentaire prescrite à ce sujet en novembre 1931 a d’ailleurs donné les mêmes résultats, contrôlés au surplus par la référence au tableau des marées et aux livres de contrôle du chef du port de Pontrieux.
Ainsi est matériellement démontrée la fausseté absolue de l’accusation de « forfaiture » portée sans aucun motif contre un magistrat qui jouit à Rennes de l’estime générale pour sa haute conscience et sa scrupuleuse honnêteté.
Le Procureur général, SAUTY.
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1. Seznec est innocent ! de Maurice Privat (Neuilly-Paris, Les Documents secrets, 1931).
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