Lundi 21 mai 1923

20 mai 1923 | 22 mai 1923
DOCUMENT  : Récit de Pouliquen

ÉVÉNEMENTS

 Pierre Quéméner et sa sœur Jenny se rendent dans la journée à Saint-Sauveur.
 Vers 19 heures, ils repartent à Landerneau avec Jean Pouliquen, sans la famille de celui-ci. Ils arrivent à Landerneau vers 20 heures.
 Vers 20 heures 30, durant le dîner, Pierre Quéméner reçoit un appel téléphonique de son ami Guillaume Seznec, maître de scierie à Morlaix, qui lui donne rendez-vous pour le lendemain matin.1

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1. Récit de Jean Pouliquen.

RÉCIT DE JEAN POULIQUEN

Le lendemain également, M. Quemeneur revenait en automobile à Saint-Sauveur en compagnie de sa sœur1. Il était conseiller municipal de cette commune. Je reprenais avec lui et ma belle-sœur, vers 7 h. du soir, la route de Landerneau, laissant derrière moi pour quelques jours ma femme et mes enfants. Comme je devais prendre le lendemain mardi le premier train pour Pont-l’Abbé, j’avais demandé à mon beau-frère de rentrer de bonne heure. Arrivés à Landerneau vers 8 heures, nous nous trouvions à table vers 8 heures et demie quand nous entendîmes appeler au téléphone  ; mon beau[-frère]2 s’est levé immédiatement de table pour entrer en son bureau qui n’est séparé de la salle que par un couloir. Les portes étant restées ouvertes, je perçus un échange de quelques mots, mais la communication fut assez brève. Mon beau-frère est rentré presque aussitôt en disant que c’était Seznec de Morlaix qui l’avait appelé pour lui fixer un rendez-vous pour le lendemain matin à Brest3.
 Je profitais de l’occasion pour mettre mon beau-frère en garde contre Seznec, car mon beau-frère m’avait auparavant avoué avoir prêté à Seznec une somme de quinze mille francs garantie par le dépôt à Landerneau d’une automobile Cadillac. Je ne lui ai pas caché la déplorable impression que m’avait produite Seznec quelques mois auparavant, et je lui fis remarquer qu’avec un pareil individu il n’y avait à mon avis que des risques à courir  ; que j’avais ouï dire que ses affaires ne paraissaient pas brillantes. Mon beau-frère, tout en reconnaissant qu’en effet les affaires de Seznec n’étaient pas prospères et que sa situation était plutôt grevée, me fit valoir qu’il possédait cependant une propriété à Plomodiern, traversée par la voie ferrée de Crozon à Châteaulin, d’une valeur de soixante mille francs environ  ; qu’en outre, il possédait à Morlaix une installation de 300.000 fr. environ.
 Je fis observer à mon beau-frère que les évaluations me semblaient exagérées, qu’en tout cas si elles étaient conformes à la réalité, je ne pouvais m’expliquer comment Seznec s’était vu dans l’obligation de mettre son automobile en dépôt à Landerneau pour un prêt de quinze mille francs  ; qu’il ferait bien de se renseigner exactement sur la situation de Seznec, qui semblait ne plus avoir guère de crédit, et que si la propriété de Plomodiern existait réellement elle devait être grevée d’hypothèques.
 Nous changeâmes de conversation et mon beau-frère ne fit mention ce jour-là d’aucune affaire avec Seznec.
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1. Jenny Quéméner, qui vivait avec Pierre Quéméner dans sa villa Ker-Abri à Landerneau.
2. Mot omis.
3. En réalité, Guillaume Seznec retrouvera Pierre Quéméner à Landerneau et ils iront ensemble à Brest.
4. Bernez Rouz, pages 96 et 97.

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