Samedi 5 mai 2018

LA PART D'INVESTISSEMENT DE GUILLAUME SEZNEC

 Pierre Quéméner, ayant au moins 17.000 francs sur lui et s'étant assuré un chèque de 60.000 francs de la part de son beau-frère Jean Pouliquen, avait pratiquement rassemblé les 80.000 francs qu'il disait investir dans l'affaire d'automobiles. Guillaume Seznec devait, lui, apporter 40.000 francs. Le mystère de ce dernier montant reste à éclaircir.
 On me reprochera sûrement de m'être fortement appuyé, dans mes deux billets précédents, sur les déclarations de Gabriel Saleun et Julien Legrand. Certains mettent en doute leurs témoignages, mais généralement le seul qu'on puisse leur opposer est celui de Guillaume Seznec. Pour ma part, je considère que tout ce qu'a affirmé Seznec dans cette affaire est suspect (même s'il doit s'agir d'un mélange de vérités, d'erreurs et de mensonges). De plus, concernant ce qui s'est dit entre Quéméner et Saleun, par exemple, je préfère écouter Saleun que Seznec, qui n'était pas présent.
 Dans L'Ouest-Éclair du 8 décembre 1923 (édition de Rennes uniquement, article repris dans l'hebdomadaire Le Petit Breton du 16 décembre 1923), Marie-Jeanne Seznec décrit la visite très matinale que Jean Pouliquen et Louis Quéméner firent aux Seznec à Morlaix le 10 juin 1923 :

 Ils arrivèrent avec une auto de louage à 6 h. 30. Seznec n'était pas encore levé. C'est Angèle qui ouvrit. Je suis descendue, j'ai fait le café, que j'ai servi en attendant que mon mari soit descendu. On a parlé, comme de juste, de Quémeneur et de l'affaire des autos. J'ai rappelé que Quémeneur avait dit à M. Seznec qu'il n'avait pas beaucoup d'argent liquide à avancer, mais qu'il avait bien sa Cadillac valant 30.000 fr.
 « Tu auras, ajouta-t-il, quand même la même part que nous dans les bénéfices d'autos, mais, ajouta-t-il, tu te débrouilleras avec le fisc, puisque tu es patenté et que je ne le suis pas ». Seznec étant descendu, la conversation continua.

 La phrase de Pierre Quéméner rapportée par Marie-Jeanne à Jean Pouliquen et Louis Quéméner aurait été prononcée peu avant le départ pour Paris, logiquement. Certainement, elle n'avait pas entendu cette phrase elle-même et la tenait de son mari.
 J'avais supposé dans mon dernier billet que Pierre Quéméner n'avait pas fait prévaloir son droit sur la Cadillac et avait permis à Seznec d'investir cette voiture dans l'affaire pour le prix qu'il l'avait achetée. Selon Marie-Jeanne, c'était même à hauteur de son prix de vente. Il n'est pas impossible que Quéméner ait poussé la générosité jusqu'à ce point, car il tenait à la participation de Seznec et devait bien savoir que ce dernier n'avait pas de liquidités et était fort endetté. Quand Pouliquen, le 21 mai au soir à Landerneau, avait essayé de le dissuader de faire affaire avec Seznec, Quéméner avait rappelé que son ami possédait une propriété à Plomodiern et une installation à Morlaix pour une valeur totale de 360.000 francs, mais avait admis selon Pouliquen « qu'en effet les affaires de Seznec n'étaient pas prospères et que sa situation était plutôt grevée ».
 Si Quéméner comptait le prix de vente de la Cadillac comme un investissement de Seznec, cela signifiait qu'elle n'entrait pas dans le premier lot de véhicules, au moins les concernant (l'acheteur pouvait l'inclure dans ce lot), mais également que Seznec n'était pas autorisé à payer sa dette à Quéméner avec cette somme, ni toute autre dette. Les 30.000 francs devaient être intégralement réinvestis dans l'affaire. Il y avait d'ailleurs à payer une caution générale de 10.000 francs et la commission par véhicule de l'intermédiaire, 2.000 francs. Puisque cette première commission concernait la voiture de Seznec, qui pour eux ne faisait pas partie du premier lot, on pouvait logiquement déduire ces 2.000 francs de l'investissement de Seznec, le portant à 28.000 francs, mais Quéméner s'était peut-être montré également généreux sur ce point en comptant cette commission parmi les charges générales du premier lot.
 Seznec « n'avait pas beaucoup d'argent liquide à avancer », comme l'admettait sa femme. Il aurait pu apporter quelque argent issu de la vente de ses dollars, mais il avait des dettes urgentes à payer, ce que Quéméner n'ignorait probablement pas. Il est donc possible que Quéméner ait seulement demandé à Seznec de participer un peu aux frais de voyage et qu'il ait gonflé artificiellement la part d'investissement de Seznec devant Legrand, pour ne pas révéler que Seznec était incapable d'apporter autre chose qu'une voiture qui normalement ne lui appartenait plus.
 Selon Marie-Jeanne Seznec, Quéméner aurait dit à son mari : « Tu auras quand même la même part que nous dans les bénéfices d'autos ». On devine que ce « nous » veut dire « moi ». Cela me semble cette fois-ci trop généreux pour être vrai, car ce n'était que par un tour de passe-passe que Seznec se retrouvait investisseur pour un tiers du montant total, n'ayant pratiquement rien déboursé. Pourquoi aurait-il reçu la moitié des bénéfices ? Mais avec Quéméner, on ne sait jamais. Le premier lot pouvait être destiné à permettre à Seznec de se refaire une santé financière, afin d'être à même d'investir pour moitié dans les lots suivants. Quant à Quéméner, à l'issue de cette première opération, il aurait pu restituer les 60.000 francs empruntés à Pouliquen pour quelques jours et ses bénéfices auraient largement suffi pour constituer la moitié de l'investissement du second lot.

17 commentaires:

Thierry Lefebvre a dit…

Selon Marie-Jeanne, Guillaume aurait acheté la Cadillac en 1920 à Pontanézen à la liquidation des stocks, payée 18050 francs, et l'aurait gagée à Quéméner pour un prêt de 15000 francs. Comment cette voiture aurait pu valoir le double en 1923 ?

Lors du pillage des stocks en 1919 les Cadillac se vendaient entre 12 et 16000 francs et les truands s'accordaient une commission de 1000 francs.

À cette époque le petit-fils de Clémenceau himself s'était essayé à ce genre d'arnaque, se proposant de fournir 20 Cadillac provenant des stocks moyennant 280000 francs soit 14000 francs la voiture.

Bizarre qu'un habitué des stocks et des trafics comme Seznec se soit laissé embarqué dans cette affaire sentant l'arnaque à des kilomètres.

Marc Du Ryez a dit…

Bonjour, Thierry. Oui, ça sent l'arnaque, bien sûr. Mais si le prix d'achat par le client final (l'Américain n'était que l'intermédiaire) n'avait pas été élevé, il n'y aurait pas eu d'affaire du tout. Ce client devait trouver un moyen de rassembler tous ces véhicules sans faire le moindre effort et ça ne pouvait être qu'en y mettant le prix. Quéméner avait besoin d'une opération comme celle-là et Seznec aussi. Ils faisaient tout le travail, Quéméner s'étant réservé la part la plus facile (courrier aux garagistes, réception à Paris des voitures que Seznec irait chercher dans toute la France) mais il apportait les capitaux.

Seznec a dit à Cunat le 26 juin qu'il avait payé la Cadillac 18.126 francs (c'est dans Bernez Rouz). Mais le client avait sûrement un budget en dollars, une monnaie qui grimpait rapidement. Un dollar valait environ 15 francs le 22 mai, mais il en valait plus de 16 un mois plus tard. Avec un prix d'achat fixé en francs, le client payait les voitures de moins en moins cher au fur et à mesure des livraisons : 2.000 dollars fin mai, 1.850 dollars fin juin.

S'il s'agissait d'une arnaque, je pense que l'intermédiaire récupérait la Cadillac et encaissait la caution de 10.000 francs et la commission de 2.000 francs en échange d'un chèque en bois de 30.000 francs, puis disparaissait dans la nature.

Marc Du Ryez a dit…

Et si Quéméner avait insisté pour que caution et commission soient déduites du paiement de 30.000 francs, l'intermédiaire obtenait une Cadillac pour un chèque en bois de 18.000 francs. Mais ça semble un peu petit, comme arnaque.

Anonyme a dit…

Et voici la fin de l'histoire...
Pierre Quéméner avait fini par être fort irrité par les retards et la nonchalance de Seznec...De panne en panne il a ruminé les mises en garde de Pouliquen, Legrand, Saleun.
Excédé il a claqué la portière de la Cadillac décatie et a filé en train direction Morlaix s'expliquer avec Marie-jeanne qui tenait les cordons de la bourse.
"Bon marie-jeanne, maintenant ça suffit.
j'ai été bien bon avec vous d'accepter la Cadillac comme votre investissement dans notre affaire. mais cette Cadillac il aurait fallu en prendre soin. Fini la rigolade. Vos dollars que vous m'avez remis ce sera pour les frais et pour rembourser cette foutue bagnole (je ne sais pas comment ça se dit en breton?)Maintenant vous allez me rendre votre promesse de vente!
-Ah! non! Pierre! Vous n'allez pas me faire ça!
-bien sûr que si! Vous ne voulez pas me la donner?
Et Pierre qui s'était outillé d'un démonte-pneu récupéré au passage à la scierie entreprend de forcer le tiroir fermé à clé. Ah non Pierre pas vous! laissez-moi tranquille ou j'appelle!
Et pendant que le breton entêté s'acharne sur la serrure la dame courroucée se saisit d'un tisonnier et frappe de toutes ses forces; Il s'écroule , se blesse au front et la promesse de vente qu'il avait réussi in ex tremis à extirper du tiroir se trouve fort endommagée, froissée , déchirée , un peu de son sang l'a même éclaboussée.
Des "Fouilleurs" ont retrouvé sous une dalle de schiste scellée à la chaux un seau de cendres, deux seaux de scories, un démonte pneu, une clé anglaise et un manche de tisonnier en fonte enrobé de scories. C'est très rare que l'on retrouve de l'ADN dans les cendres d'un défunt après une crémation. l'incendiaire ivre de jalousie et de colère, blessé par le feu , jadis, dans sa chair et son amour propre a incendié à son tour.(fiction)

guy a dit…

Marc, J'ai posté ce message chez LL, comme depuis hier je suis blacklisté je ne pense pas qu'il soit publié. C'était aussi une réponse à votre message. Ne le publiez pas forcément ici où il serait hors-sujet:

"Nous voulons que la vérité soit connue,Nous voulons mettre un terme à cette affaire, et à toutes les théories qui ont été échafaudées. Notre père nous disait que c'était une affaire toute simple qui avait été compliquée à outrance... nous voulons que nos enfants, et tous nos descendants soient délivrés de ce poids et bâtissent leur vie sur des choses vraies".....
JYS/GS - LeTélégramme du 7 avril
Très belle profession de foi, n'est-ce pas?
Acceptons cette version .... en gros, même si dans le détail nous pourrions encore en prendre pour 100 ans.
Judiciairement, elle est, je pense 'viable'.
La justice peut la considérer comme possible, suivre l'analyse de Denis Langlois en estimant qu'elle expliquerait le comportement et les mensonges de l'accusé. Le 'Doute' s'en trouverait renforcé.
La mémoire du grand père pourrait être déchargé de la condamnation pour meurtre.
Qu'on ne parle pas d'éléments matériels irréfutables pour étayer cette piste pour la présenter devant les magistrats. Rappelez-vous celle de 2005, où l'élément nouveau était la collusion possible de deux possibles protagonistes vingt ans plus tard .....
Vous le voyez il suffit de bonne volonté, nous voulons croire en la bienveillance de la justice envers cette famille … pour en finir.

guy a dit…

Marc, bonjour,
Sauvons la piste 'Petit-Guillaume', elle est en danger. Il nous faut accepter qu'elle ait été quelque peu arrangée, enjolivée tout au long de la vie du jeune témoin. Probablement encore plus au retour du bagne de ce père parti piteux 25 ans plus tôt et revenu presque en héros.
Tout serait donc faux, l'oncle Guy, son parrain, souffrait-il de démence à la fin de sa vie?
Aurait-il tout inventé? Le cadavre sur le sol du salon, aussi?.
Sur l'échelle de crédibilité elle serait dernière, derrière la mise à mort par Bonny/Le Her au Tambour, derrière la course sur la grève lors de la noce du 24 mai, derrière la fuite au Canada / beau père de Pasqua?
Vous vous moquez du monde (des gogos), Denis Le Her/Seznec, une fois de plus.
Restons sur l'idée d'un retour et de la mort de Quémeneur à Morlaix, enlevons l'habillage proposé et vous verrez que rien de rédhibitoire ne s'y oppose.
(voir; Denis Le Her/Seznec Télégramme du 08/05/18)

Anonyme a dit…

Oui, Guy sauvons la piste Petit Guillaume. Telle que nous l'a transmise Bernard Le Her elle n'est pas si indéfendable que ça et tout s'éclaire. Sauf la fameuse objection de Seznek /Kadillak à la thèse de l'agression sexuelle. Mais cela pourrait bien être un leurre pour cacher une dispute autour du nerf de la guerre que sont les dollars et la promesse de vente de Traou Nez

jm a dit…

Cher Marc,

Je partage totalement votre analyse concernant Quéméneur, il avait suffisamment d'argent avec lui pour une part et attendu pour le reste grâce au chèque Pouliquen. Les 17000 francs sont la somme de l'argent retiré à Brest, de l'argent retiré précédemment les 18 et 19 mai (6000 francs, Rouz p79) et d'un petit reliquat de 1000 francs.

Je ne vois aucun mal à s'appuyer sur le témoignage Salaun, qui me paraît fort crédible et qui, en plus, ne contredit en rien, fondamentalement, les propos de Seznec (il est étonnant que tant de tenants de l'innocence de Seznec aient suspecté Salaun, qui n'est qu'un simple employé de banque et qui agit de façon logique et attendue).

Pour ce qui est de Seznec, je suis moins sûr que vous : il me paraît aussi évident que l'intention de Quéméneur est de l'associer au tiers, mais Seznec dispose-t-il de ce tiers, dollars ou pas dollars ? je ne crois pas.

Mon idée est que, comme cela transparait dans la presse bretonne au début de l'enquête, deux autres personnes proches de Seznec et beaucoup plus astucieuses (je ne dis pas rusées), dont l'une achète beaucoup de choses et l'autre parlent fort bien l'anglais, sont impliquées là dedans et ont monté l'affaire. Leur but est de faire main basse sur l'argent de Quéméneur et Seznec est simplement leur instrument. Ces personnes sont des escrocs, pas des assassins. Tout cela, c'est une opinion, je ne peux la prouver.



Marc Du Ryez a dit…

Chère Anonyme, je pense que vous êtes madame Jourdan, alias Breizh, etc. Je ne vois pas tellement l'intérêt de changer sans cesse de pseudo. Il serait bon d'en choisir un et de s'y tenir, pour faciliter les échanges.

Comme Skeptikos vous l'a fait remarquer, vous zappez la journée du samedi, mais je peux combler ça pour vous... Arrivé à l'heure au rendez-vous près de la gare Montparnasse, Quéméner constate rapidement que cette affaire mirobolante était une vaste arnaque et il en ressort très remonté contre Seznec. Puis il rencontre dans le tramway l'imbécile de Le Her qui lui raconte sa vie. Quéméner prend ensuite le train de nuit pour aller s'expliquer avec Seznec à Morlaix. Il l'attendra chez lui toute la journée s'il le faut, au cas où il ne serait pas encore rentré.

Pour ce qui est de l'extrême violence à la fin, je n'y suis pas opposé, pour ma part. Cela expliquerait pourquoi Seznec se sacrifie pour sa femme : elle aurait bien eu du mal à expliquer que c'était de la légitime défense avec les horribles traces de coups sur le crâne de Quéméner.

Tout cela n'est bien entendu que de la fiction, comme vous le dites vous-même. C'est amusant, mais ça ne fait pas tellement avancer les choses.

Marc Du Ryez a dit…

Bonsoir, Guy. Je crois en effet, et je l'ai déjà dit plusieurs fois, qu'il ne faut pas prendre l'histoire de Petit-Guillaume (quelle que soit la version) comme un tout indissociable, ni comme un chef-d'œuvre d'exactitude, car on en est très loin.

Il y a assez pour une requête en révision si on veut se faire corriger une fois de plus. La justice a fondé sa décision de 1924 sur une quantité énorme d'éléments à charge et une absence pratiquement totale d'éléments à décharge (Le Her, seulement, et on lui a fait sa fête au procès). Il faudrait fournir tout de même autre chose que le récit du récit d'un homme qui avait 12 ans au moment des faits pour créer le doute. Je suis d'accord pour dire que ce récit est moins farfelu que les théories précédentes, car il ne cherche pas à démontrer une innocence totale à laquelle personne ne peut croire sérieusement (en tout cas, pas la justice), mais ça reste une théorie avancée par la famille du condamné et supportée par du vide.

Si on croit à cette histoire, il faut donc être patient, ou mener une enquête poussée pour essayer de découvrir d'autres éléments.

Marc Du Ryez a dit…

Cher JM, merci de m'avoir rappelé les 6.000 francs retirés les 18 et 19 mai par Quéméner, je les avais eu en tête puis je les avais oubliés. Cela conforte l'estimation de Jeanne Quéméner.

Malgré son titre ronflant de "fondé de pouvoir", Saleun n'est en effet qu'un chargé de clientèle et ne peut pas prendre de décisions importantes. De plus, c'est un ami de Quéméner, en excellents termes avec lui, apparemment.

Il semblerait qu'une ou deux personnes proches de Seznec à Morlaix ait échappé à l'examen de la justice, en effet. Je ne pense pas comme certains que l'enquête a été bâclée, mal faite, car au contraire elle a été assez poussée, compte tenu des moyens limités. Mais il y avait des pistes à suivre qu'ils ont totalement négligées, et qui sont irrémédiablement perdues aujourd'hui, je pense.

Breizh a dit…

Monsieur Du Ryez,
Alors Breizh, Christine Gérard, Claudine Jourdan( et non Chantal Langlois) s'appellera Breizh espérant ne pas vous créer trop d'ennuis avec le grand censeur.Je connaissais le timing du samedi. J'ai fait court. Vous avez fait une explication de texte qui me convient parfaitement. Pour ma part je n'ai plus grand chose à dire. Si Quéméner a été enterré ce peut être effectivement à Plourivo. il y a la même configuration de lieu à Traon Ar Velin en Morlaix dans la propriété des Seznec, à gauche de la maison près d'une fontaine et d'une dalle d'ardoise, à quelques mètres du Queffleuth.
Les fouilles ont également dégagé une dalle de shiste sous laquelle on a trouvé des cendres et des scories de métaux ainsi que des outils. Pour mémoire il manquait un costume et un manteau de laine dans les affaires de Quemener inventoriées par sa soeur dans la valise. Toutes les traces du crime ont pu être brûlées et empuantir Morlaix dans la nuit du 27 au 28 mai

jm a dit…

Cher Marc,

Vous évoquez, dans une des réponses, le rendez-vous que Quéméneur aurait eu près de la gare Montparnasse, point que nous connaissons par Seznec.
Ce point m'a souvent intrigué : si Quéméneur avait un rendez-vous assez tôt près de cette gare pourquoi aurait-il pris un hôtel près de la gare St Lazare, se serait-il fait envoyer le chèque au bureau de poste n°3 qui est entre la gare Saint-Lazare et la Madeleine, au nom de la Société générale qui a une agence juste en face (mais je doute qu'elle libère en trois minutes 60000 francs, je crois plutôt en une visite ultérieure à l'agence centrale située tout près, boulevard Hausmann) ?
Quéméneur est Breton, la gare Montparnasse ne lui est pas inconnue, il y a sans doute une poste et une agence bancaire à proximité...

Prenons maintenant google.map. Nous voyons que l'hôtel de Normandie, le bureau de poste 3, l'agence centrale de la Société générale boulevard Hausmann et, curieusement, la rue Taitbout tiennent tous dans un petit cercle, de l'ordre de 300 mètres de rayon...

Cela me laisse à penser que le point de rencontre était éventuellement dans ce secteur-là, peut-être même rue Taitbout, pour faire plus "Américain", avec par exemple un Ackermann qui parle anglais.

Marc Du Ryez a dit…

Ackermann/Ackerman/Acherman parlait certainement allemand, français et anglais couramment. Il devait avoir un accent, un mélange d'accents suisse-allemand et américain. Je pense que Quéméner l'avait déjà rencontré et avait été convaincu du sérieux du personnage. Seznec et Quéméner étaient sur le coup depuis au moins janvier 1923.

Est-ce qu'Acherman travaillait le samedi ? Il serait bon de le savoir. Comment se rendait-il aux usines Renault ? Autre mystère. La gare Montparnasse se trouve à mi-chemin entre le 16 rue de l'Asile-Popincourt et Boulogne-Billancourt. Il aurait fallu cuisiner Acherman pour éclairer cette affaire, mais Vidal a vraiment fait le minimum avec lui, et de toute façon, Acherman ne semblait pas vouloir parler. Il a fait celui qui tombait des nues. Vidal ne lui a même pas rappelé cette histoire de Cadillac avouée par Mme Acherman à Pouliquen.

jm a dit…

Cher Marc,

Je tire évidemment des plans sur la comète, mais je pense que M. Vidal, policier très confirmé et connaissant bien ces milieux louches des trafics quelque peu minables autour des automobiles, s'est très vite fait une religion.

Ackerman (bigame, comme vous nous l'avez appris), les deux de Morlaix dont j'ai parlé (et on sait que M. Vidal a longuement cuisiné l'un d'entre eux) sont des "escrocs à temps partiel", pas comme un Vacquié qui est un "escroc professionnel", des gagne-petit. Or, un escroc n'est pas un assassin.

Je me permets de supposer que M. Vidal a vite compris que le trafic de cadillacs était une simple histoire d'entôlage et que ceux qui l'avaient montée étaient sans doute les premiers terrorisés par ce qui s'était passé et que tout le monde a supposé, et que le jury de Quimper a tranché.

Dans ces conditions, il voyait sans doute assez bien pourquoi et pour qui Quéméneur et Seznec étaient allés à Paris, il voyait qu'on avait fait miroiter au premier le miroir aux alouettes mais qu'avant de se trouver pris par la glue il s'était passé quelque chose.

Ce n'est évidemment en rien une preuve, c'est une théorie, mais c'est étayé par un certain nombre de points, que je pourrais développer si vous le souhaitez à une autre occasion.

Pour le rendez-vous, je pense plutôt que le cosmopolite Ackerman devait jouer son rôle dans un endroit de plus grand standing. Savez-vous s'il était citoyen américain ? si oui, il aurait par exemple pu louer un salon dans l'immeuble de la rue Taitbout, le temps de la rencontre, c'est après tout un des rôles d'une chambre de commerce.

Je précise que, dans mon idée, Ackerman et Seznec sont des personnages périphériques de l'entôlage, alors que les deux finistériens en sont les auteurs principaux.

Marc Du Ryez a dit…

Acherman avait été naturalisé américain en 1920, et il avait donc eu le temps de se faire établir un passeport américain. Par ailleurs, il est clair qu'il possédait également des faux papiers, y compris au moment de son audition par Vidal. Une constante chez Acherman de 1920 à 1932, cependant : il vivait très modestement, apparemment. Il ne faisait donc pas dans la grosse arnaque. Mais il n'était peut-être qu'un intermédiaire dans cette affaire.

Unknown a dit…

Bonjour Guy...
Je n'ai blacklisté personne...
J'ai des soucis avec Overblog qui m'annonce les commentaires de mon blog par mails...
Et, après, je ne peux pas les récupérer dans "commentaires IOverblog".
Je l'ai écrit sur mon blog pour que tout soit clair.