Jeudi 21 juin 1923

20 juin 1923 | 22 juin 1923
DOCUMENT  : Demande d'ouverture d'information judiciaire

DEMANDE D'OUVERTURE D'INFORMATION JUDICIAIRE

Paris, le 21 JUIN 1923.
Le Contrôleur Général du Service des Recherches Judiciaires1

Monsieur le PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE2
 BREST

 J'ai l'honneur de vous transmettre, sous ce pli, une déclaration3 adressée à M. le Directeur de la Sûreté Générale, par laquelle M. POULIQUEN, notaire à Pont-l'Abbé (Finistère) signale la disparition de son beau-frère, M. QUEMENEUR Pierre, 45 ans, négociant à Landerneau, et Conseiller Général du Finistère. Ce dernier, parti de LANDERNEAU le 24 mai écoulé à destination de PARIS, n'a plus été revu, en effet, depuis le 25 au soir, date à laquelle il quittait à DREUX un de ses amis, M. SEZNEC, pour prendre le train de PARIS.
 Le lendemain de ce jour, c'est-à-dire le 26 mai, une personne se présentait au bureau de poste N°  3, Boulevard Malesherbes, à Paris, et demandait au guichet de la Poste Restante si un pli chargé n'était pas arrivé à l'adresse de M. QUEMENEUR Pierre, négociant à LANDERNEAU. Sur la réponse négative de l'employée, cette personne, qui n'a pu être encore identifiée, se retire et ne s'est plus représentée depuis.
 Il est exact par ailleurs qu'un pli chargé a été effectivement expédié par M. POULIQUEN, à son beau-frère QUEMENEUR. Ce pli est toujours en souffrance au Bureau de Poste.
 Une enquête, immédiatement ouverte par le Contrôle Général des Services de Recherche Judiciaire, fut ensuite interrompue par un avis téléphonique de M. POULIQUEN faisant connaître que son beau-frère venait de télégraphier du HAVRE à sa famille, pour annoncer sa rentrée prochaine. Ce télégramme est ainsi conçu  :
 «  Ne rentrerai LANDERNEAU que dans quelques jours. Tout va pour le mieux. QUEMENEUR.  »
 Puis les 16 et 18 juin courant, deux lettres et un télégramme des familles QUEMENEUR et POULIQUEN me parvinrent, émettant des doutes sur l'authenticité du signataire du télégramme expédié du HAVRE.
 L'enquête qui vient d'être effectuée dans cette ville n'a pas permis de retrouver la trace du disparu dont les habitudes d'ordre, la conduite et les sentiments familiaux font écarter toute présomption de fugue et semblent confirmer l'hypothèse d'un attentat criminel envisagé par la famille.
 La saisie du télégramme dont [il]4 s'agit pourrait apporter quelque lumière sur cette étrange disparition.
 J'ai donc l'honneur de vous prier de vouloir bien examiner l'opportunité de l'ouverture d'une information judiciaire qui permettrait à mon service de suivre régulièrement cette affaire dans tout son développement.

LE CONTROLEUR GENERAL5

___
1. Fernand Etlicher.
2. René Guilmard.
3. On retrouvera cette lettre sur la page du 13 juin 1923.
4. Mot omis.
5. Denis Langlois, «  L’Affaire Seznec 1 (1923-1924)  ».

1 commentaire:

MP a dit…

Quelque chose m'intrigue. Le 26 mai, unE employéE ( ce n'est donc pas Alfred Begue) a reçu un client venu réclamer le pli destiné à Pierre Quéméneur. Ceci est établi par l'acte d'accusation du 21 Juin. Certes le 28juin Begue dira que quelqu'un s'est aussi présenté le 2 juin.
Le 26 mai, il ne pourrait s'agir que de Quemeneur. Ce qui plaiderait pour sa survie au moins jusqu'au 26 mai.